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Pérégrinations d'une femme accrochée à un idéal et attachée à une réalité que ses yeux transforment, jour après jours.

Déjà dedans...

Il y a les choses qu'on anticipe, qu'on prévoit, nos scénari plus ou moins réalistes, il y a les programme, les plannings, les projets, les plans, les prédictions...et puis il y a la Vie, et ce qu'elle apporte, en vrai.

Nous devions donc déscolariser notre enfant en juillet (ou en septembre, ça dépend de quel point de vue on se place).

Je devais donc aller au bout de l'année scolaire dans mon propre travail professionnel rémunéré (je pense créer un sigle sur ce blog : le TPR VS le TPN, travail personnel non rémunéré... je dis ça parce que je vais bientôt être à nouveau maman... humhum.)

Et puis voici que la Vie, l'Univers, le Destin, Dieu peut-être sous sa forme la plus aigüe de rotavirus transforma notre blondinet chevelu en sorte de chose à vomir et déféquer mou, liquide même (bon appétit) pendant cinq jours (oui cinq jours tout doux et mous, de câlins et de bassine, de bains chauds et de serviettes souillées, de nuits hachées et de dessins animés...)

Une semaine plus tard, le retour au travail ne se fait pas pour moi, et se fait très difficile pour le Petit Prince qui s'était habitué (?) pourtant à l'épisode redouté de la séparation matinale...

Le matin, à l'école, si j'observe mon fils, je vois alors un enfant plein de douleurs, de colère et d'impuissance, submergé par une angoisse lancinante, qui lui ouvre ou lui broie la gorge, c'est selon, fait couler ses yeux et trembler son petit corps encore amaigri. Sa voix de dessins animés est rauque et il répète (je veux rester avec toi, je veux rester avec toi", comme un mantra, depuis la porte de la maison à celle de la salle de classe. 

Je me souviens ce nœud là, barrant mon cou, ce poids là, écrasant ma poitrine, cette rage là d'hurler "non ne me laissez pas", ce désespoir là de savoir que ma douleur est vaine et pourtant bien réelle... je l'ai connu jadis, lorsque moi aussi... j'étais enfant. Et par chance, ô mon fils, je m'en souviens.

Trois matinées, j'ai arraché mon cœur, encore, par ce foutu "devoir" qui m'a été injecté dans le cœur depuis la crèche, parce que "c'est comme ça", "c'est la vie" et "qu'on fait pas toujours ce qu'on veut"... en fait, au fond, je ne sais pas vraiment bien pourquoi... 

Mais trois matinées, dans ma voiture, les larmes brûlantes dégringolant mes joues je disais à mon Grand Roi quelle folie s'emparait de moi alors, de laisser derrière la vitre bariolée de la classe la chair de ma chair sans moi pour l'aimer.

"Comédie" dans la bouche sucrée de la maîtresse de ces si jeunes enfants. Petit Prince a ma fierté : une fois sa mère partie, il trouve toute ressource en lui pour dépasser son drame et passer la journée dans la joie de sa nature profonde. Je rétorque "résilience" à cette professionnelle de l'enfance qui n'a sans doute pas bien regardé l'enfant que je laissais derrière moi le matin, ou bien qui a si bien fermé son cœur qu'elle croit à ses propres mensonges.

Non madame, ce n'est pas comédie que de hurler quand celle qu'on aime refuse d'écouter notre amour pour elle. Ce n'est pas comédie que de se sentir parfaitement abandonné lorsque celle dont on dépend nous laisse sans motif tangible à nos yeux à d'autre bien trop occupés pour remplacer un dixième de l'amour qui nous est arraché.

"C'est dommage" sera le verdict de ces professionnels, lorsque nous décidons en famille de cesser la scolarité dès maintenant. Ah oui, dommage, de ne plus sentir cette douleur dans son corps chaque matin, dommage de vivre des relations plus intimes avec ses pairs, dans le calme d'une maison ou d'un jardin, dommage de choisir son horaire de lever et de coucher, de faire les siestes dont on a besoin, de manger dans la quiétude d'une cuisine familiale, de rencontrer toute sorte de gens, de voir chaque jour si différent, dommage d'avoir la peau, l'amour et la chaleur de ses parents à n'importe quel moment, d'élever son cœur et son esprit à son propre rythme et d'accéder à la compréhension par son propre élan.

Encore une fois, je remercie la vie, qui m'a posée devant un choix et par là m'a demandé d'affirmer à nouveau quel sens je lui donne et comment je réponds aux questions qu'elle me pose.

 

Sans nécessité, je n'impose rien à autrui, je négocie, je dialogue, j'invente des solutions sans devenir ce tyran qu'on projette si souvent sur l'enfant alors qu'on l'ignore chez bon nombre de parents.

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D
Quel beau billet! <br /> Comment se passe la vie à la maison? Et le-la petit-e dans ton ventre? Cela se passe bien pour toi, pour ton bébé et toi, pour vous 3, pour vous 4?
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